C’est une fiction très bien faite, inspirée de faits réels, que France 3 a diffusé mardi 5 avril. « Diabolique » retrace le calvaire vécu par une famille entière tombée sous l’emprise d’un manipulateur véritablement machiavélique. Le film, suivi d’un débat animée par Carole Gaessler sur le sujet « comment échapper aux manipulateurs« , permet de suivre étape par étape cette main-mise par un étranger, sans aucun pouvoir ni charisme réels, sur des adultes et des adolescents, tous intelligents, tous ayant eu accès à de bonnes études et tous parfaitement intégrés jusque là dans la société et qui pourtant finissent par s’en exclure totalement. C’est la manipulation sectaire.
Une fois dépassée la stupéfaction de voir avec quel culot agit le manipulateur et avec quelle facilité (apparente) les victimes se laissent prendre, ce qui est surtout intéressant à retenir c’est combien cette fascination peut être exercée sur n’importe qui. En effet, personne n’est à l’abri et encore moins les gens éduqués, cultivés et intelligents. Justement parce que tout d’abord ces derniers, conscients de leur supériorité intellectuelle, sont moins immédiatement sur leurs gardes. Donc, après une première vérification d’une première affirmation du manipulateur (toujours exacte celle-là!), ils partent du principe que tout ce qui sera affirmé par la suite est également la vérité. Puisqu’ils ont vérifié! C’est le principe même de la base de toute escroquerie pourtant. Et ensuite parce qu’une fois convaincus, ils vont justement utiliser leur intelligence pour justifier, expliquer et défendre le système dans lequel le manipulateur vient de les faire entrer. Ils retournent leurs facultés intellectuelles « contre eux », inconsciemment, et se coupent du monde extérieur. Bien entendu, tout cela demande du temps, beaucoup de temps (souvent plusieurs années), mais est diablement efficace.
Une autre stratégie est celle mise en place par les pervers narcissiques. Elle présente néanmoins de nombreux points communs avec la manipulation sectaire. Tout d’abord, la similitude du profil des victimes: elles sont toutes intelligentes, avec une réelle capacité de « résistance » (sinon le jeu n’est pas drôle), dans une situation de fragilisation temporaire. Mais si la manipulation sectaire est également prosélyte, en revanche le pervers narcissique ne vise en générale qu’une seule personne et non un groupe ou une famille. Ensuite, les moyens: isolation progressive de l’entourage, morcellement de l’information, alternance de compliments et de critiques, imprévisibilité croissante de l’humeur. Intervient alors une autre différence dans le fait que, si dans le cadre de la manipulation sectaire, la remise en question de la victime par elle-même la mène souvent à ouvrir les yeux, le pervers narcissique, lui, s’en fait une arme supplémentaire. En effet, il utilise cette remise en question pour accentuer ses accusations et critiques. En quelque sorte, il en profite pour faire croire à la victime que les duretés dont il l’abreuve sont justifiées et qu’effectivement elle doit se remettre en cause (et donc douter d’elle-même, et donc être encore plus fragile). Enfin, le pervers narcissique ne s’explique jamais, ne répond jamais aux interrogations de sa victime, alors même que celle-ci est psychologiquement prête à tout croire de lui. Par mépris. Et c’est là une des choses qui finit par le perdre. Car en effet, la victime va au bout d’un moment (parfois très long!) par chercher une réponse ailleurs et, quand une seule pièce de l’illusion se défait, tout l’édifice s’écroule. C’est comparable à un château de cartes. Ce qui explique que le pervers narcissique cherche rarement à réinstaurer son emprise lorsque finalement elle défaille. Il sait que tout ce qu’il a mis en place va être dévoilé, révélé. Le plus souvent, sans attendre, il repart, à la recherche d’une nouvelle victime. Et ce dernier abandon est, à ses yeux, une ultime marque de mépris qu’il adresse. Alors que ce n’est qu’une fuite devant l’échec. Cela, qui n’est pas admissible par son égo narcissique, doit être un soutien, un baume, pour la victime qui s’échappe de son emprise. Il est très important qu’elle puisse admettre qu’elle a été une victime mais aussi qu’elle a été assez forte pour défaire les liens dans lesquels elle a été emprisonnée.
Enfin, dans tous les cas de figure, pour l’entourage, c’est un calvaire très éprouvant. Il est impossible de faire entendre raison aux victimes car justement elles déraisonnent. Alors, il faut s’appuyer sur tout ce qui a été mis en place dans notre société pour ceux qui partent à la dérive: associations d’aide, thérapies, psychologues, psychiatres, police, magistrats, média, … Pour les victimes mais aussi pour eux, qui sont également des victimes « indirectes ».
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