Comment reconnaître un être violent avant qu’il ne frappe ?
Cette intervention de David Lefrançois, à l’occasion de la Journée des Femmes Battues, revient sur la situation alarmante des violences conjugales. Ce phénomène, qui a malheureusement toujours existé, semble aujourd’hui enfin être reconnu et réellement combattu.
Il est important de rappeler quelques vérités essentielles : ce fléau touche toutes les classes sociales, les femmes amoureuses ont beaucoup de mal à sortir de la relation toxique, il n’y a aucune excuse du bourreau dans le comportement de la victime. La violence peut être physique et/ou psychologique. Toutes les femmes peuvent être touchées, fortes, faibles, éduquées, indépendantes ou non. Il n’y a pas de profil social type ni même de profil psychologique type car les circonstances extérieures peuvent elles-mêmes avoir un impact. Une femme à grandes responsabilités en période de fort stress, une femme très indépendante qui tombe enceinte, … toutes les femmes peuvent, à un moment ou un autre, être plus fragiles ou sensibles, ce que repère le bourreau, véritable prédateur.
Voici quelques traits récurrents que l’on retrouve dans la plupart des portraits d’hommes violents: très expressif dans l’amour, le besoin de contrôle, la jalousie (l’amour est la « cause » de ses coups !), la volonté d’isoler la victime de son entourage aimant, le rejet de toute responsabilité sur les autres, atteindre l’estime de la victime au travers de violences verbales dans un premier temps, la pratique du chantage affectif, la consommation d’alcool, une enfance battue.
La grande difficulté pour la victime est de quitter son bourreau car la violence ne s’installe pas immédiatement mais progressivement, insidieusement, entrecoupée de périodes de grand calme et d’amour. Un système de douche-écossaise qui déstabilise totalement la victime, désarmée devant l’ambivalence du bourreau. Et comme cela s’accompagne d’un isolement qui rend la situation totalement perverse : atteinte à l’estime de soi, chaud-froid, dépendance. A cela s’ajoute l’illusion d’être indispensable à son bourreau, la peur des représailles (totalement justifiée d’ailleurs !!!) et la honte.
Enfin, il convient de se rappeler que la situation des hommes battus, pour être plus rare, n’en est pas moins tout aussi dramatique.
C’est un cercle vicieux qui ne cesse qu’avec le départ de la victime ou sa mort. Une personne violente un jour est, sauf si elle se fait réellement soigner et accompagner, violente toujours. Tout l’amour du monde porté par la victime ne suffira pas à rendre le bourreau pacifique.
Il est indispensable de faciliter la parole de la victime, d’autant plus qu’elle est persuadée d’être la seule cause des coups qui lui sont portés. Et très malheureux de constater la pauvreté des institutions proposées. Alors, il importe, dès le moindre soupçon, de prendre contact avec la victime, de l’inciter à parler, de s’abstenir de juger et d’envelopper de bienveillance.
La seule solution consiste en la prévention.